LA VÉRITÉ MENT

20 juin 2015

LA VÉRITÉ MENT

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Cyberaddiction en famille. Crédit Photo: screensaddiction.com

La cyberaddiction et le réseautage social ne seraient pas sans conséquences car ses adeptes souffrent des IAD (Internet Addiction Disorders, en anglais) troubles de dépendance à Internet. Les IAD sont caractérisés par un trouble psycho-physiologique impliquant l’accoutumance qui prépare le terrain aux symptômes de solitude; des troubles affectifs; et l’insatiable besoin de se mettre en valeur. C’est dans un canular satirique que le psychanalyste new-yorkais Dr. Ivan Goldberg invente le concept de IAD en 1995, c’est-à-dire 2 ans après la fameuse caricature « On the Internet, nobody knows you’re a dog » de Peter Steiner. Par la suite, des chercheurs prirent cette farce de Goldberg au sérieux et ce qui jadis était parodique est aujourd’hui diagnostique au point où l’association américaine de psychiatrie nous informe dans son rapport de recherche de mai 2014 que le taux de prévalence de la sur-utilisation d’internet est de 26,3% chez les adolescents américains. Dans son Manuel de diagnostique et statistique des troubles mentaux, plus communément appelé DSM, l’association de psychiatrie met les accrocs d’internet en garde car l’addiction à Internet serait en passe de devenir une pathologie mentale internationalement reconnue par les psychiatres. Des études plus approfondies devraient permettre de faire le clair sur cette possible entrée dans le DSM

Pendant que la plèbe souffre et expérimente de nouvelles pathologies, des entreprises du web 2.0 ont le vent en poupe. Pour une entrée spectaculaire en bourse, Facebook a eu besoin des millions d’utilisateurs solitaires. Aucune entreprise du web 2.0 ne souhaite votre bonheur car les gens heureux ne sont pas sur internet par exemple: un politicien compétent  n’a pas besoin de Twitter pour paraitre convainquant et gagner des voix aux élections, un individu heureux dans son couple n’a pas besoin des sites ou des App de rencontres, un employé heureux n’a rien à faire sur Xing, LinkedIn ou de leurs plate-forme-soeurs qui vivent de la langueur des chômeurs et des des travailleurs frustrés. Les gens heureux ne recherchent pas l’affection à distance via Whatsapp, Facebook et toute les autres App sur lesquelles on fait des causeries essentiellement illusoires où le « faire croire“ est un véritable championnat, c’est la vérité qui ment.

„Le paradis c’est où je suis“ disait Voltaire mais au regard des comportements actuels on a l’impression que le paradis c’est où les autres sont. Comment expliquer que dans cette famille personne ne fait confiance à personne, personne n’est heureux avec personne, chacun préfère son univers virtuel au détriment de ses proches? Un retour quelques siècles en arrière nous ramène dans le scénario de la caverne de Platon, une allégorie dans laquelle le philosophe avait imaginé des gens enchaînés dans une caverne, contemplant les ombres des objets fabriqués sur les murs de leur cachot. Le troisième millénaire a avec le web 2.0 re-inventé la caverne de Platon et elle se nomme maintenant  Whatsapp, Facebook, Instagram, Xing, … etc. Sur notre écran tactile, nous pouvons contempler les images des soit disants amis: ça ressemble à la réalité, ça a la couleur de la réalité, mais ce n’est pas la réalité. La cerise sur le gâteau c’est lorsque photoshop & Co. s’y mêlent. Les profils sont iconophiles et on parait plus jeune sur les photos publiées cette année que sur celles publiées l’année passée. Les sobriquets fantaisistes et les phrases d’accueil propagandistes annoncent la couleur de l’ampleur du leurre; les murs sont dignes de la fable du phénix, chacun semble être meilleur, tout le monde regarde ailleurs, la frustration se propage et les IAD font rage.

Ceux qui ont regardé la série „The X-files: aux frontières du réel » se souviennent peut être du générique qui se terminait toujours par la phrase „The truth is out there“  (la vérité est ailleurs, dixit Heidegger, Platon) alors la vraie vérité, celle qui ne ment pas ou qui ment moins, est celle qui réside dans l’intellect, dans les idées et non dans les images truquées ou encore des expressions populistes du réseautage social. Puisque la vérité du monde réel tranche avec les apparences du monde virtuel,  un moyen de renouer avec l’amour de soi-même et celui des proches, de vivre la chaleur familiale dans sa plénitude et d’éviter les IAD est de sortir de la caverne des produits gratuits du web 2.0, d’ombres imagées de femmes et d’hommes parfaitement photographiés, du luxe qu’ils font miroiter à vos yeux et qui en vérité ne leur appartient même pas, des couples sans problèmes, des régimes amincissants miraculeux et des crèmes anti-rides révolutionnaires qui fixent et imposent les critères de beauté sans demander votre avis. 

Questions

1. Pourquoi, quand et avec quelle fréquence publiez-vous lesquelles de vos photos sur internet?

2. Faites ce test de cyberaddiction et prenez les mesures qui s’imposent

E. Guimatsia

Magdeburg 20.06.2015

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