COMMENT RENDRE LES ÉLÈVES +INTÉLLIGENTS ?

13 décembre 2014

COMMENT RENDRE LES ÉLÈVES +INTÉLLIGENTS ?

Le 07 décembre dernier, le site de Canal+ Afrique a publié un reportage dans son émission +D’Afrique. Ce dernier montrait les prouesses de la fameuse initiative Elan-Afrique à Yaoundé au Cameroun. L’organisation internationale de la francophonie (OIF),  l’agence française de développement (AFD) et le Ministère français des affaires étrangères et européennes à la base de cette initiative visent à améliorer la qualité et l’efficacité de l’enseignement primaire au Sud du Sahara. Le reportage qui m’a plutôt fait rire présente dès la 3ième seconde une salle de classe dans laquelle on lit sur les bancs: « Don de la France » (ce n’est pas anodin), tous les enfants interviewés portent des noms comme en France par exemple: Marie PULCHERIE et Joseph DESIRE comme s’ils n’avaient pas de patronyme ou alors comme si leur père s’appellerait M. PULCHERIE ou M. DESIRE. Le troisième élément intéressant de ce court métrage c’est l’unanimité avec laquelle tout le monde est très satisfait de l’initiative. Des Enfants aux parents, en passant par les enseignants, chacun exprime sa joie même s’il faut s’écarter des objectifs de l’initiative comme cet inspecteur de l’enseignement qui voit en elle « un retour aux sources qui ne dit pas son nom« . Si personne n’a osé critiquer l’initiative en publique (enfin selon ce reportage), je vais tenter d’exposer l’envers du décor et inviter tout ceux qui pensent autrement au débat.

Cette initiative est de prime à bord appréciable, si appréciable que j’aimerai qu’elle ne se limite pas au primaire mais aussi au secondaire et surtout au supérieur. Que le ministère français des affaires étrangères et l’OIF se déploient pour améliorer tout le système éducatif africain en traduisant et en enseignant tout le savoir jusqu’au niveau doctoral en Ewondo comme c’est le cas dans cette video. Hélas les initiateurs ne traitent de ce sujet qu’avec les ministères des enseignement de base et l’initiative a à peine commencé qu’elle est déjà plafonnée, bornée et condamnée à demeurer au primaire ça veut dire que personne n’attend entendre l’Ewondo dans un lycée camerounais. Pas de Baccalauréats encore moins de licences en Ewondo et pourtant en Afrique du Sud où il y a 11 langues officielles des langues africaines sont enseignées de la maternelle à la l’université. Là-bas, on y redige des thèses d’ingenieur et de doctorat en Xhosa, en Zoulou et dans bien d’autres langues locales. Les téléphones, les ordinateurs et tous les autres appareils numériques intègrent ces langues et il y a des gens extrêmement éduqués et très modernes en Afrique du Sud qui ne connaissent aucune langue étrangère tout comme il y a des individus du même acabit en France qui n’utilisent que le français comme langue. Comment se fait-il que subitement l’Ewondo jadis appelé « patois » (langue incompréhensible, grossière) et interdite dans les écoles coloniales est subitement devenue la langue qui stimule l’intelligence des jeunes écoliers et baisse le taux d’échec scolaire? En réalité, le français, qui ne figure pas dans le top 10 des langues les plus parlées au monde est en perte de vitesse et il faut dès aujourd’hui créer des projets qui l’inscrivent dans la durée. La majorité des francophones d’aujourd’hui vivant en Afrique, il est important de miser sur sa jeunesse car c’est cette dernière qui assurera (par ses productions littéraires) la survie du français. D’où le grand déploiement du ministère français des affaires étrangères et européennes. Bien qu’il y ait plus de germanophones que de francophones, les allemands voient les choses de la même manière mais n’ayant pas eu le même succès colonial que la France et ne disposant donc pas d’instrument tel que l’OIF, se concentrent sur les étrangers vivants sur leur territoire c’est ainsi que la même semaine, des politiciens allemands ont exigé que les étrangers parlent allemand entre eux en toute circonstances en privé tout comme à la maison en famille.

 Une autre motivation possible de ce bilinguisme Patois/Français est la conséquence directe de la montée des BRICS qui  sont plus riches et généreux, octroient de plus en plus de bourses aux étudiants africains, et sont surtout des amis (et non les prédateurs) naturels des africains compte tenu de leur histoire respectueuse fraternelle et pacifique, en tout cas moins barbare avec l’Afrique. En tout cas, au lieu d’avoir des écoles bilingues en Afrique Chinois/Français, Russe/Français ou même Turc/Français, il vaut mieux pour la France que ce soit Patois/Français, un patois qui n’est dans aucun système d’exploitation ça veut dire que lorsque les adolescents ou les adultes africains de demain voudront faire l’informatique ou tout simplement utiliser un appareil électronique, ils n’auront plus que le français à leur disposition et pour s’immigrer ou tout simplement nouer des partenanriats, ils ne pourront aller en majorité qu’en France (ou dans un pays francophone) au risque de perdre de précieuses années de leur vie à apprendre une autre langue. Entretemps, c’est la Francophonie qui gagne. Celle-ci va s’étendre et le pauvre « patois » qu’on prétend sauver aujourd’hui ne sera plus qu’un mirage, une guerre contre les langues émergentes plus prometteuses telles que le Turc, le Chinois ou le Russe. Cette cosmétique linguistique n’est pas là pour rendre les africains plus intelligents encore moins pour défendre les langues africaines. Comme on l’a vu avec les allemands, chaque prêtre prêche pour sa chapelle. Et si le ministère français des affaires étrangères, l’AFD et l’OIF veulent vraiment faire quelque chose pour les langues africaines, qu’ils aillent traduire tous les systèmes d’exploitation des ordinateurs, tablettes, téléphones portables et autres systèmes embarqués en ces langues, qu’ils ouvrent des écoles normales supérieures, des écoles de journalisme et des écoles d’ingénieurs dans ces langues dans tous les villages respectifs d’Afrique. Là on verra le grand amour de la France pour le succès des (écoliers) africains. Par contre si ces langues, qu’ils vilipendaient et appelaient « patois » sont condamnées à rester sur les ardoises cassées et les tableaux en béton des pré-adolescents, c’est tristement que j’aurais le sentiment que l’aboutissement reste l’épanouissement à peine voilé du français.

Questions:

1. La qualité et l’efficacité de l’enseignement au secondaire et au supérieur n’ont-elles pas aussi besoin d’être améliorées?

2. Cette initiative va-t-elle durer et surtout va-t-elle vraiment profiter à ses initiateurs?

E. Guimatsia

Magdeburg, 13.12.2014

Étiquettes
Partagez

Commentaires